Ajouté le: 15 Novembre 2010 L'heure: 15:14

La paroisse orthodoxe roumaine Saint Éloi et Sainte Paraschève (Terni, Italie)

L’église Saint Éloi, située au numéro 20 de la rue qui porte le même nom dans la ville de Terni (Italie) est une église romane datant du XIème siècle dont la façade est ornée d’éléments d’origine romane et médiévale. Deux lions en pierre flanquent l’entrée de l’église à l’intérieur de laquelle les murs et les colonnes sont ornées de fresques d’une extraordinaire beauté, datant des XIème et XIV-XVème siècles. Comme beaucoup d’autres églises, celle-ci est elle aussi passée d’un ordre religieux à un autre, plus exactement de l’ordre des augustins à l’ordre des chevaliers de Malte. Ces derniers ne s’en occupent guère si bien qu’elle finit par servir d’atelier à un maître forgeron. Offerte en guise de don au début du XXème siècle à l’Éparchie de Terni, elle a accueilli à partir de 1960 le monastère des clarisses pour devenir plus tard le siège du Séminaire de l’éparchie. 

La paroisse orthodoxe roumaine Saint Éloi et Sainte Paraschève (Terni, Italie)

Aujourd’hui l’église est le lieu de culte de la Paroisse Orthodoxe roumaine locale ayant comme saints patrons Saint Éloi et Sainte Parascève. Elle a été mise à la disposition de la communauté chrétienne orthodoxe roumaine par Monseigneur Vincenzo Paglia, évêque catholique de l’Éparchie de Terni-Narni-Amelia, le 25 janvier 2001, à l’occasion de la clôture de la semaine dédiée à la prière pour l’unité des chrétiens. L’acte qui concède cette église a été signé à Terni en la présence de Son Eminence le Métropolite Daniel de Moldavie et de Bucovine. Cette décision a été prise car on a pu constater l’existence d’une très importante communauté de chrétiens orthodoxes roumains résidant dans la zone de Terni et par conséquent il fallait répondre à la nécessité de trouver un lieu où les roumains puissent se retrouver « per lodare Dio nel giorno del Signore », comme il est écrit dans cet acte. Cette décision a créé les conditions nécessaires pour pouvoir célébrer la Liturgie orthodoxes en langue roumaine, selon le rite orthodoxe, tout en étant également un symbole de la collaboration fraternelle entre l’Eglise Orthodoxe Roumaine et l’Eglise Catholique Romaine.

Cela a représenté un événement d’une importance extraordinaire pour les roumains vivant dans cette partie de l’Italie, qui ont pu ainsi retrouver en ce lieu, indifféremment de la région d’origine en Roumanie, un petit bout de leur propre pays aussi bien que la possibilité de vivre et pratiquer la foi dans la sainte tradition roumaine.  

Bien que l’extérieur de l’église ne laisse pas penser à la présence d’une église orthodoxe, dès que l’on pénètre à l’intérieur l’odeur « roumaine » des saintes icônes sur l’un des murs de l’église, l’autel, la  châsse des saintes reliques, les icônes de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ et de la Toute-sainte Mère de Dieu nous accueillent chaleureusement et nous donnent réconfort et paix intérieure.  

Ceux qui viennent prier dans notre église sont des gens simples, honnêtes, qui sont partis de leur pays dans l’espoir de trouver un travail meilleur afin de pouvoir assurer un niveau de vie décent à la famille et, par dessus tout, aux enfants. Qu’ils viennent de la Munténie, de l’Olténie, de la Moldavie, du Maramures ou du Banat et qu’ils soient mères, pères, grands-parents, petits-fils, jeunes, familles récemment constituées, nouveau-nés présentés devant l’autel, ils prient tous ensemble les jours de fête. Chaque dimanche l’église est au comble et la chorale qui entonne les chants liturgiques remplit nos cœurs de joie et nous fait penser à chez nous, aux êtres chers. Tout se passe sous l’œil attentif et bon du père Vasile Andreca, transféré de la paroisse Saint Haralambos de Iassy à la paroisse orthodoxe roumaine de Terni, le 1er décembre 2002, date à laquelle est fondée d’ailleurs la paroisse orthodoxe roumaine de Sainte Parascève de Terni, par décision de Son Eminence le Métropolite

Joseph, Archevêque Orthodoxe Roumain d’Europe Occidentale et Méridionale. Un évènement important aussi pour les paroissiens qui allaient avoir désormais un prêtre à eux, sachant surtout que jusqu’à ce moment-là la paroisse ne disposait pas de la présence constante d’un prêtre; parfois, le dimanche, il y avait un prêtre qui venait de Rome pour célébrer la Divine Liturgie.

« En 2002 – écrit le père Vasile Andreca dans un article paru dans les actes du congrès „Sant’Alò nella storia e nella leggenda” (Terni, 2005) – j’ai été envoyé à Terni pour être le prêtre de la communauté roumaine. À compter de ce moment-là nous avons commencé à nous organiser petit à petit. La Divine Liturgie a été célébrée tous les jours prévus, de sorte qu’aujourd’hui on peut bien dire que l’on est une vraie paroisse et de surcroît, une paroisse assez grande par rapport au territoire, avec des fiels répandus sur toute la région de l’Ombrie. (...) Petit à petit nous nous rendons compte que nous ne vivons pas en „terre étrangère” mais que nous partageons en effet beaucoup de choses, qu’il nous est de plus en plus facile de communiquer avec les gens parmi lesquels nous vivons car nous sommes pareils et nous pouvons nous réjouir ensemble. Toutes ces „découvertes” nous rendent moins tendus, moins découragés face à un monde complètement nouveau, plus confiants en nous mêmes et en ceux qui nous ont accueillis”. „Je ne pouvais pas m’éloigner de Sainte Parascève” disait le père un jour où l’on fêtait notre sainte patronne. „Je suis allé maintes fois à Iassy et jamais je ne pouvais partir sans emmener, d’une certaine façon, Sainte Parascève avec moi ». C’était d’ailleurs la raison principale pour laquelle il a voulu que notre paroisse ait Sainte Parascève comme patronne.

Plus tard, à la demande du père Andreca, Son Eminence le Métropolite Daniel de Moldavie et de Bucovine et Archevêque de Iassy, nous a offert un vêtement qui avait couvert pendant un certain temps les reliques de Sainte Parascève. Ce vêtement est maintenant exposé pour la vénération dans notre église dans une châsse sculptée en chêne, sous un baldaquin, lui aussi sculpté, à côté de quelques saintes reliques emmenées du pays, là-encore par l’intercession du père. Il est intéressant que l’évêque Vincenzo Paglia lui-même ait été d’accord pour que les saints patrons de l’église soient à la fois Saint Éloi et Sainte Parascève, notamment parce que « dans les années où l’église était bâtie, Sainte Parascève se faisait martyriser en Grèce ».

Comme on l’a dit auparavant, les paroissiens sont en général des roumains qui ont décidé d’aller à l’étranger pour travailler. On ne peut aucunement parler d’une élite intellectuelle, comme dans le cas des roumains de Paris. Il s’agit, en revanche, de gens simples, pauvres, pour la plupart des femmes qui travaillent en tant qu’aide au domicile chez des personnes âgées, des hommes qui travaillent dans le bâtiment, mais aussi des familles qui se sont établies en Italie pour y commencer une nouvelle vie. Il faut dire que la communauté roumaine s’est heurtée à moult problèmes au fil du temps. Le père Vasile Andreca a été le premier à venir en aide aux personnes dans le besoin. Le sermon, conçu de telle manière que tout le monde puisse en profiter, est plein de conseils qui renvoient toujours aux problèmes auxquels se sont confrontés les paroissiens roumains d’Italie. En général, les roumains ont assez mauvaise réputation, et si jamais il y en a un à Terni qui commet un délit, on interroge toute de suite le père Vasile. Avec beaucoup de patience, il explique à ceux qui lui posent des questions à ce sujet qu’en général ce ne sont pas les roumains qui vont à l’église qui commettent les délits, mais les autres. « Il faut que nous soyons honnêtes, correctes, il faut respecter les lois et les règles sociales de l’état qui nous a accueillis et puis il faut lutter, mes chers frères. Il ne faut pas envier les plus aisés et il ne faut pas non plus être indifférents au sort de nos confrères moins bien adaptés. Nous, nous devons tous d’essayer de les corriger. C’est seulement de cette façon-là que nous pourrons exiger nos droits; mais tout d’abord connaissons nos devoirs et accomplissons-les de manière irréprochable. Autrement nous ne pourrons jamais vivre dignement en tant qu’êtres humains et en tant que roumains. »

En dehors de cela, en revanche, dans notre église, les roumains ont su créer une atmosphère de paix et sérénité. Nous nous sentons chez nous. Chez nous, à Terni, on se connaît, on s’appelle par le nom, on partage les problèmes, les peines, les espoirs, on se réjouit ensemble, on célèbre les fêtes, on jeûne, on célèbre des mariages, des baptêmes, on prie pour nos proches qui sont partis vers le Seigneur...

Même si la vie à l’étranger est difficile et il faut faire de grands efforts pour s’en sortir, même si parfois on souffre et la plupart du temps on travaille dur, au moins nous savons que le dimanche et chaque jour de fête nous avons un endroit où nous pourrons trouver du réconfort spirituel, nous recueillir, soulager les peines de notre âme, participer à la Divine Liturgie en notre propre langue et communier et nous ressourcer spirituellement afin de pouvoir suivre encore un bout de chemin jusqu’à la semaine suivante. Cet endroit est notre église orthodoxe, notre « chez nous », la paroisse de Saint Éloi et Sainte Parascève de notre ville.

Georgeta Stoica, Terni

Bibliographie
1. Andreca, Vasile, I Romeni ortodossi a Terni în Atti del Convegno di Studi Sant’Alo nella storia e nella leggenda, Convegno di Cultura Maria Cristina di Savoia di Terni, Chiesa di Sant’Alò in Terni, 23 septembre 2005.
2. Lomoro, Elisabetta, La chiesa di Sant’Alò a Terni, « Il Messaggero », Vendredi, 7 août 2009.

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