Pour quelle raison le Seigneur a-t-Il commandé que nous aimions nos ennemis? Non pour eux: mais pour nous! Car tant que nous conservons la pensée du mal que nous a fait quelqu’un, nous n’avons ni paix ni tranquillité. Il nous faut donc y renoncer. Comment? Il faut pardonner de tout notre cœur. Si l’on pardonne du fond du cœur, c’est comme s’il n’y avait rien eu. Si c’est pardonné, alors la paix règne dans ton âme.

Le starets Taddée, du monastère Vitovnitsa, « Paix et joie dans l’Esprit saint »

Pour quelle raison les hommes n’aiment-ils pas la vérité? Ils aiment, naturellement, également la vérité; ils ne l’aimeraient pas s’il ne se trouvait dans leur mémoire une notion quelconque du vrai. Pour quelle raison ne se réjouissent-ils pas du vrai? Pouquoi ne sont-ils pas heureux? C’est qu’ils sont beaucoup plus intensément préoccupés d’autres réalités, dont le pouvoir de les rendre heureux est beaucoup plus grand que le frêle souvenir du vrai n’a le pouvoir de les rendre heureux. Chez les hommes se trouvent pourtant une petite lumière; qu’elle croisse, qu’elle croisse, et que ne l’occulte pas la ténèbre!

Mais pourquoi la vérité engendre-t-elle la haine? Pourquoi est vu comme un ennemi l’un de tes serviteurs qui annonce la vérité, puisque les hommes aiment la vie bienheureuse, qui n’est pas autre que la félicité fondée sur la vérité? Cela n’arrive que parce que l’amour pour le vrai est tellement grand que celui qui aime quelque chose qui n’est pas vrai veut que ce qu’il aime soit vrai et, puisque il ne veut pas admettre qu’il se trompe, il ne veut pas non plus se laisser convaincre qu’il se trompe! Et ainsi, les hommes haïssent la vérité par amour pour ce qu’ils croient être vrai.

J’aime le vrai quand je baigne dans sa lumière et je le déteste quand il me contredit. Il n’est pas agréable d’être trompé; mais les hommes tromperont les autres; les hommes aiment le vrai quand il se présente à eux, mais ils le haïssent quand il leur montre leurs erreurs. Voici la punition par laquelle le vrai les rétribue: ils ne feront pas en sorte que leur erreur soit révélée; ils la révèleront indépendamment de leur volonté ; et, en même temps, elle leur demeurera cachée... Pourtant, même ainsi, quel que soit son malheur, l’âme préfère trouver le bonheur dans la vérité plutôt que dans le mensonge. Et elle sera enfin heureuse si, laissant de côté tout obstacle ou toute contrariété, elle se réjouit de la seule Vérité, par qui existent toutes les autres réalités.

Bienheureux Augustin, Confessions

Sans que l’être humain change de lieu, son esprit vagabonde dans le monde (Ep. 7, 1): le ressort de cette flânerie, ce sont les passions: « car l’esprit soumis aux passions tourne en cercle et parvient difficilement à les réprimer quand il considère les objets qui suscitent les désirs; mais quand il atteint un état sans passion, il cesse d’errer en rencontrant les réalités non corporelles qui comblent les désirs spirituels » (Pensée 26). Pour favoriser cette fermeté immobile de l’esprit (Disc. 2, 72), il est recommandé « la lecture de la Parole de Dieu ». « Car rien ne contribue autant à la prière pure que la lecture des divines Ecritures... Rien ne protège (des pensées mauvaises) comme la méditation des Paroles ou raisons de Dieu »... C’est pourquoi les moines, comme tous les chrétiens au début, consacrent beaucoup de temps à la lecture et à la méditation des Ecritures.

Evagre le Pontique,Sur les huit pensées du mal et leur remède

« Qu’ils se réjouissent, tous ceux qui espèrent en Toi, éternellement ils seront dans l’allégresse et Tu habiteras en eux; et tous ceux qui aiment Ton Nom se glorifieront en Toi. Car Tu béniras le juste; Seigneur, comme d’un bouclier Tu nous as couronnés de Ta bienveillance ». 

Psaume 5, 12-13

Un frère interrogeait abba Hiérax en disant: dis-moi une parole pour que je sois sauvé! L’ancien lui répondit: assieds-toi dans ta cellule et, si tu as faim – mange! Si tu as soif – bois! Et ne dis de mal de personne. Ainsi tu seras sauvé!

Sentences des Pères d’Egypte, Abba Hiérax

Il est possible que nous nous trompions dans nos décisions. Toutefois, tant que l’erreur consiste à chercher, à tâtonner pour trouver la réponse nécessaire, nous ne tombons pas dans le péché. Le péché commence quand, par simple commodité, ou pour une autre raison, nous refusons la vérité, parce qu’elle coûte trop cher à chercher.

Antoine de Souroge, La foi et le doute

Selection des textes: Daniel Chira, Londres