Un petit homme d’à peine 4 ans, tourne autour de la statue de la Croix plantée au centre du lieu.

Il pousse des cris de putois avec un déchaînement de turbulence et s’apprête à assiéger le socle de la Croix comme un vandale quand soudain, levant la tête, son regard rencontre le visage du Crucifié, il se tait aussitôt, médusé, et interrompt son escalade en appelant son père : selon toute apparence, il l’interroge au sujet de l’homme pendu à cette croix, et qui l’a comme figé sur place. Saisi de crainte, il baisse la tête pendant tout le temps que son père lui parle : son âme d’enfant vient de rencontrer le Fils de l’Homme – Crucifié : en cette veille de Sa Nativité – c’est un fait étrange qui n’est pas sans signification car rien n’arrive sans la volonté divine.

Il convient de dire ici que cette statue est impressionnante de vérité. Le Christ y est d’une frappante douceur, celle de l’Agneau totalement offert par amour et visiblement, le sculpteur L’a représenté au moment où Il rend l’esprit. L’enfant a sans aucun doute été frappé par le paradoxe de l’infamie du supplice et de l’Amour jaillissant du Supplicié.

Mystère de cette brusque rencontre entre ce petit enfant en pleine escapade, perdu dans son jeu, avec le Christ en croix. Sans doute restera-t-elle gravée au plus profond de lui-même car « l’âme de l’enfant est à moi » (Ezéchiel, XVIII, 4) pour resurgir à point nommé. C’est à espérer et à demander.

Anne Monney