Ajouté le: 2 Septembre 2021 L'heure: 15:14

La guérison de deux aveugles à Capharnaüm

Le Christ a compassion de l’humanité souffrante

(Mt 9/ 27‑34, 36)

Pendant Ses trois années de mission terrestre, le Christ n’a pas cessé de guérir des malades – de toutes formes de maladies et de tous milieux sociaux –, de délivrer des possédés et de ressusciter des morts. Il attestait ainsi la véracité de ce qu’Il proclamait et enseignait. Comme Il le dira Lui-même : si vous ne croyez pas en Moi, en tant que personne, croyez du moins dans les œuvres que J’ai accomplies1, et que nul autre que Moi n’a jamais faites2 depuis qu’il y a des hommes sur la terre. Quelle humilité divine ! Si vous ne M’aimez pas, Moi, en tant que votre Dieu créateur, appréciez au moins le bien que je vous fais. Le respect que Dieu a de notre liberté dépasse notre intelligence…

Nous osons dire que ces paroles du Seigneur relèvent du simple bon sens. En effet, qui pourrait, d’un simple mot ou toucher, guérir des malades incurables et ressusciter des morts, qui pourrait lire les pensées secrètes des cœurs, qui pourrait nourrir une ville entière avec quelques morceaux de pains et quelques petits poissons, qui pourrait marcher sur les eaux, qui pourrait s’affranchir de l’espace et du temps… ? Les hommes de science ne parleraient pas autrement : regardez et acceptez les résultats de nos expériences scientifiques qui sont objectives, indépendamment de nos personnes. Dieu – la Divine Trinité – est certainement l’Être le plus injustement traité sur terre, et le Christ-Dieu l’Homme le plus incompris et « haï, sans raison »3. Il faut vraiment avoir un cœur de pierre et un esprit démoniaque pour ne pas admirer la bonté de Dieu et la beauté de Sa création.

Nous avons ici un bel exemple de Sa bonté envers tous, que nous pourrions presque qualifier « d’ordinaire ». Ces deux guérisons se passent probablement à Capharnaüm, puisqu’au verset 28, il est dit : « comme le Seigneur arrivait à la maison », ce qui est l’expression des évangélistes pour désigner la maison de Capharnaüm où le Seigneur vivait en communauté avec Ses disciples et qui constituait Son « quartier général ». Cet Évangile est lu en Orient le 7è dimanche après la Pentecôte.

Les événements se passent juste après la résurrection de la fille de Jaïre : nous sommes donc probablement vers le milieu de Sa première année de mission. Le Christ rentre de chez Jaïre, dont Il vient de ressusciter la fillette de 12 ans, et Il est probablement accompagné de certains de Ses disciples, présents lors des deux précédents miracles4. Il est alors suivi par deux aveugles. Comment ? Probablement parce qu’ils étaient présents lors de la résurrection de la fillette et que leur ouïe très fine leur a permis de suivre le cortège du Christ. Et ils ne se contentent pas de Le suivre, mais ils crient vers Lui : « Aie pitié de nous, Fils de David ». « Fils de David »5 était l’un des principaux critères de reconnaissance du Messie. Cette prière préfigure notre prière « du Nom de Jésus6 ». Pourquoi crient-ils ? Parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen de manifester leur présence. Et Dieu entend toujours ceux qui crient vers Lui.

Le fait qu’ils suivent Jésus jusqu’à chez Lui montre qu’ils ont confiance en Lui. Le Seigneur arrive « à la maison7 ».

Cette situation ressemble beaucoup à celle des deux Aveugles de Jéricho8 (Mt 20/29-34), mais il s’agit de deux évènements différents, notamment parce que cet évènement se passe à la fin de la mission terrestre du Christ, non loin de Jérusalem, mais aussi parce qu’il y avait une foule considérable. Ici, le Seigneur est « chez Lui » et il ne semble pas qu’il y ait une foule, mais seulement Ses disciples. On est dans la vie quotidienne.

La cécité est un des grands symboles du péché de l’Homme9, parce que nos premiers parents, Adam et Ève, en désobéissant à Dieu, ont perdu la vision de Dieu : ne plus voir la lumière du soleil symbolise ne plus voir la lumière incréée. La cécité a toujours été une grande épreuve, qui emprisonne la personne dans un isolement tragique, mais elle était beaucoup plus grave  à l’époque antique qu’aujourd’hui.

Jésus ne va pas les guérir tout de suite. Il leur pose une question : « Croyez-vous que Je puisse faire cela [vous guérir] ? » Croyez-vous vraiment que Je suis le Messie, le Fils de Dieu ? Le Seigneur veut les responsabiliser, et leur permettre de s’élever spirituellement par la guérison miraculeuse qu’Il va accomplir. Il ne veut pas être pris pour un « guérisseur », à qui on aurait transmis des « secrets », et qui aurait des « pouvoirs », comme il y en avait dans le monde antique et comme il y en a toujours. Il veut être reconnu pour ce qu’Il est : le Christ. Leur réponse est claire et nette : « Oui, Seigneur ». Il leur touche alors les yeux et les guérit instantanément en disant : « Qu’il vous arrive selon votre foi ». Admirable pédagogie, qui fait coopérer l’Homme à sa guérison, à son salut ! Puis il leur intime cet ordre : « Veillez à ce que personne ne le sache ». Cela peut paraître étrange, mais le Seigneur voulait être cru sur parole. Dieu veut toujours être cru sur parole, pour que nous puissions avoir avec Lui une relation de confiance, d’enfants avec leur Père, une relation d’amour. Les bienfaits que nous recevons de Dieu ne doivent pas occulter la gratuité d’une relation d’amour. Au-delà des bienfaits que nous recevons de lui, le Seigneur nous pose implicitement cette question : M’aimes-tu pour Moi-même, comme Je t’aime pour toi-même, gratuitement ?

Évidemment les deux miraculés n’en tiennent pas compte : ils courent partout en hurlant de joie et en proclamant le nom de Jésus. Il était impossible pour eux de se taire…

Aussitôt après, le Christ délivre un possédé muet qui retrouve la parole, mais l’Évangile ne nous en dit pas plus, sauf que les Pharisiens prononceront contre Lui cette parole sacrilège et blasphématoire : « c’est par le prince des démons qu’Il chasse les démons ». Mais nous avons déjà abordé ce sujet grave et redoutable dans un autre article10.

Quelques versets plus loin (v. 36), Saint Matthieu ajoute : « Voyant la foule, Jésus fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont pas de berger ».

Cette compassion du Christ pour nous, hommes déchus, est un trésor, notre plus grande richesse : elle est la source de notre espérance, de notre guérison et de notre salut.

P. Noël TANAZACQ, Paris

Notes :


1. Jn 10/38 devant les Juifs hostiles, lors de la fête de la Dédicace, et Jn 14/11 devant Ses 11 disciples lors de Son Dernier discours.
2. Jn 15/24 devant Ses 11 disciples lors de Son Dernier discours.
3. « Ils M’ont haï sans raison », Jn 15/25.
4. Juste avant d’aller chez Jaïre, il avait guéri la femme hémorroïsse.
5. D’après Jer 23/5 et 33/15-16. C’est la réponse immédiate des Pharisiens à Jésus lorsqu’Il leur demande : de qui le Messie est-t-il fils ? (Mt 22/41).
6. « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur », appelée aussi « Prière du cœur ».
7. Capharnaüm est une petite ville, un gros village. Entre la maison de Jaïre, qui jouxte probablement la synagogue (dont les ruines sont importantes) et la maison du Seigneur, il n’y avait probablement qu’une centaine de mètres.
8. On peut se reporter à Apostolia n° 58-59 de janvier-février 2013.
9. Avec la surdité, le mutisme, la paralysie et la lèpre, sans parler des difformités physiques et des maladies psychiques, qui coexistaient souvent avec des possessions.
10Jésus et Béelzeboul : le péché contre le Saint‑Esprit. Apostolia n° 144 (mars 2020).

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