Ajouté le: 21 Mars 2023 L'heure: 15:14

Épiscopat et pouvoir – l’esprit de conciliarité

Un des problèmes de l’Église est que nous cachons souvent la haine, la rancune ou l’envie par des théories, par le recours aux saints canons ou par des décisions vite qualifiées d’expressions du pouvoir ecclésial, alors qu’elles ne sont que le reflet d’un autoritarisme oppressif. Et c’est au nom de ce pouvoir que nous essayons d’embrigader les gens dans des querelles personnelles et partisanes.

Épiscopat et pouvoir – l’esprit de conciliarité

Le problème le plus grave, très difficile à résoudre, est dans la façon dont nous nous accommodons du pouvoir divin. Un des aspects de ce problème réside dans le fait que le pouvoir de l’évêque vient de Dieu. C’est ce que croient les Églises fidèles à l’antique tradition. La question cependant demeure : comment un évêque sait-il que tel ou tel de ses actes ou de ses paroles se fonde réellement sur ce pouvoir divin, et ne découle pas de ses tendances, de son caractère ou de ses passions propres ? Ce problème est d’autant plus ardu que les tenants du pouvoir, dans l’Église comme dans les monarchies, se voient toujours en union parfaite avec Dieu. La réponse rationnelle à ma question est connue : elle réside dans l’esprit de conciliarité et de coopération qui doit prévaloir entre les évêques et les croyants. Théoriquement cela se tient, mais il ne s’agit pas ici de théorie ni de simple compréhension rationnelle. Celles-là existent abondamment dans l’Église, mais, sur le plan existentiel, qui est prêt à admettre qu’il y a un abîme entre lui et Dieu ?

De fait, il n’y a pas de réponse rationnelle ou institutionnelle à cette question. Il est vrai que l’Église admet le principe de la conciliarité, qui est une façon pour chacun de reconnaître qu’il a besoin de l’autre. Mais, dans la pratique habituelle, ce système n’assure pas une rencontre existentielle entre le clergé et les fidèles ou, comme nous le disons aujourd’hui, les laïcs. Même des consultations permanentes, si elles sont imposées, ne peuvent apporter des solutions toutes faites. Et même si le système collégial se limite à la rencontre des évêques dans les synodes, il existe toujours des moyens d’y créer l’exclusion, d’y susciter une majorité face à une minorité. Autant de concepts qui ne devraient pas avoir droit de cité dans le christianisme, même si on doit y recourir parfois pour résoudre les problèmes pratiques. Le système conciliaire ne peut se fonder sur des normes juridiques ; comme au sein de la Divinité, le concept du nombre qui limite ne peut lui être appliqué. Autrement dit, je n’ai pas de réponse satisfaisante sur le plan de la raison.

À l’instar de la Sainte Trinité et de l’eucharistie, la conciliarité est un mystère, dans le sens qu’elle est donnée par Dieu – elle peut donc aussi ne pas l’être. Elle se manifeste dans la mesure où les cœurs sont blessés d’amour et que les âmes vivent dans l’humilité, l’ascèse et la transparence, pour permettre à Dieu d’aller où Il veut et d’être, Lui seul, le tenant du pouvoir dans des corps appelés à mourir.

Le Métropolite Georges Khodr, L’appel de l’Esprit,
Sel de la terre, Cerf, 2001, pp. 91-92

 

Épiscopat et pouvoir – l’esprit de conciliarité

Les dernières Nouvelles
mises-à-jour deux fois par semaine

Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale

Publication de la Métropole Orthodoxe Roumaine d'Europe Occidentale et Méridionale

Le site internet www.apostolia.eu est financé par le gouvernement roumain, par le Departement pour les roumains à l'étranger

Conținutul acestui website nu reprezintă poziția oficială a Departamentului pentru Românii de Pretutindeni

Departamentul pentru rom창nii de pretutindeni