Ajouté le: 11 Octobre 2021 L'heure: 15:14

Le géant égoïste

Tous les après-midis, en revenant de l’école, les enfants allaient jouer dans le jardin du géant qui était parti depuis sept ans déjà.

Le jardin était ravissant ; çà et là, sur l’herbe douce et verte, poussaient de belles fleurs qui ressemblaient à des étoiles. Vers le ciel magnifique, s’élançaient douze pêchers qui au printemps s’épanouissaient en délicates floraisons couleur de rose et de perle, et qui, en été et en automne, portaient des pêches couleur de fête. Les oiseaux assis sur les arbres chantaient si joliment que les enfants s’arrêtaient de jouer pour les écouter. C’était le jardin du Bonheur...

Un jour, le géant revint. Il vit les enfants dans le jardin. Et comme c’était un géant très égoïste, il les fit fuir avec sa grosse voix. Ensuite, il construisit un MUR tout autour du jardin et mit un écriteau : Défense d’entrer sous peine d’amende !

L’hiver arriva...

Puis vint le printemps avec les fleurs des champs et les oiseaux du ciel...

Mais dans le jardin de l’Égoïste, c’était encore l’hiver, la neige, le froid et le gel. Le vent du Nord, glacial, avait trouvé son logis. Il invita Madame la grêle à venir le rejoindre et tous deux s’en donnèrent à cœur joie... Ils décidèrent de ne plus quitter l’endroit et de l’occuper toute l’année.

Le géant se posait des questions : « Pourquoi est-ce toujours l’hiver chez moi ? » « Pourquoi les oiseaux ne viennent-ils plus ?  Pourquoi les fleurs ne s’épanouissent-elles pas ? »

Le géant ne comprenait pas et s’attristait.

Un matin pourtant, il entendit une musique ravissante. Un petit rossignol chantait dehors, il chantait la plus merveilleuse musique du monde. Le géant s’approcha de la fenêtre et aperçut une multitude d’enfants installés sur les branches des arbres... et les arbres, si contents de les revoir, s’étaient mis à refleurir... et la grêle et le vent s’étaient enfuis...  Les oiseaux voletaient et gazouillaient avec délice ; les fleurs souriaient ; les enfants riaient...

Mais dans un coin du jardin, l’hiver était resté avec ses amis grêle et vent du Nord. Au pied d’un arbre gelé, un tout petit enfant pleurait. Il ne pouvait grimper à l’arbre. 

Le géant comprit alors son égoïsme : « Maintenant je sais pourquoi le printemps ne voulait pas venir ici. Je vais mettre ce pauvre petit garçon tout en haut de l’arbre, et je démolirai le mur, et mon jardin sera à tout jamais la cour de récréation des enfants. »

Le géant descendit sans bruit l’escalier, ouvrit très doucement la porte et pénétra dans le jardin. Mais quand les enfants le virent, ils furent si effrayés qu’ils s’enfuirent, et le jardin reprit ses couleurs d’hiver. Seul le petit garçon ne s’enfuit point car ses yeux étaient si pleins de larmes glacées qu’il ne vit pas le géant s’approcher. Celui-ci le prit doucement dans sa main et le posa dans l’arbre. Et l’arbre se couvrit aussitôt de fleurs, et les oiseaux vinrent y chanter, et le petit garçon étendit ses deux bras et les jeta autour du cou du géant, et l’embrassa (c’était la première fois qu’on embrassait le géant). Et quand les autres enfants virent que le géant n’était plus méchant, ils revinrent en courant, et le printemps revint avec eux.

– « C’est votre jardin, maintenant, petits enfants », dit le géant.

Et il prit une grande hache et fit tomber le mur. Les enfants jouèrent tout le jour et, le soir, ils vinrent dire au revoir au géant.

Celui-ci demanda : 

– « Mais où donc est votre petit compagnon, celui que j’ai posé dans l’arbre ? » (Le géant avait un faible pour lui parce qu’il l’avait embrassé.)

– « Nous n’en savons rien », répondirent les enfants. « Il est parti et nous ne savons pas où il habite. Nous ne l’avons jamais vu auparavant ! »

Le géant en fut très triste. 

Les années passèrent, et le géant devint très vieux et très faible. Il restait assis dans un fauteuil immense, regardait les jeux des enfants et admirait son jardin. « J’ai beaucoup de belles fleurs, disait-il, mais les enfants sont les plus belles fleurs de toutes ».

Un matin d’hiver, il regardait par la fenêtre en s’habillant. Il ne détestait plus autant l’hiver, car il savait que c’était simplement le printemps endormi, et que les fleurs se reposaient.

Ce matin-là, dans le coin le plus reculé du jardin, il aperçut un arbre tout couvert de ravissantes fleurs blanches. Ses branches étaient toutes dorées et des fruits d’argent y étaient suspendus... Au-dessous de l’arbre, se tenait le petit garçon qu’il avait aimé.

Dans sa joie, le géant descendit en courant l’escalier et pénétra dans le jardin. Il traversa l’herbe en toute hâte et arriva près de l’enfant. Quand il fut tout près, il s’aperçut que l’enfant était blessé. Sur ses paumes et sur ses pieds, il y avait l’empreinte de deux clous...

– « Qui a osé te blesser ? » s’écria le géant « dis-le moi afin que je prenne mon grand sabre et que je le tue. »

– « Non ! » répondit l’enfant ; ce sont les blessures de l’Amour.

– « Qui donc es-tu ? » demanda le géant en s’agenouillant devant le petit enfant.

L’enfant sourit au géant et lui dit : 

– « Tu m’as laissé un jour jouer dans ton jardin, aujourd’hui tu viendras avec moi dans mon jardin, qui est le Paradis.»

Et ce jour-là, quand les enfants du village coururent au jardin, ils trouvèrent le géant rappelé à Dieu, couché sous un arbre, avec un sourire lumineux sur les lèvres et tout couvert de fleurs blanches.

Inspiré d’après un conte d’Oscar Wilde

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