Avec beaucoup de simplicité, Monseigneur Silouane a pris le chemin de l’Espagne et du sud de la France, puis celui de l’Italie, multipliant la grâce et prodiguant en toute circonstance les dons qu’il avait lui-même reçus de Dieu : la joie et la vivacité de l’expérience spirituelle, la spontanéité dans les relations avec les prêtres et les fidèles, la joie et la vigilance spirituelle, l’absence de ruse, l’amitié, la fraîcheur et la beauté du service liturgique, l’état continuel de sacrifice de soi pour le bénéfice des autres, et, chose essentielle, l’amour de l’Église et de Celui qui nous l’a donnée comme Épouse immaculée et lieu de salut du monde, Jésus Christ, Fils Unique du Père céleste. À Celui qui a quitté le Ciel et a donné Sa vie pour nous sur la Croix, que pouvons-nous donner en échange, sinon notre propre vie ? Et même, en voulant la lui offrir, comment être certains que nous ne gardons rien pour nous ? Son Excellence Monseigneur Silouane est l’un de ceux qui ne gardent rien pour eux-mêmes, tout est offert à la Source de tous les dons. C’est ainsi que nous avons passé presque sept ans, avec Monseigneur Silouane comme Évêque vicaire, les premières années en Espagne et dans le sud de la France, jusqu’à ce que Son Excellence soit élu Évêque de l’Italie, où il a travaillé éperdument pour tout ce qu’il a réussi à construire, avec l’aide abondante de Dieu, avec Son Excellence Monseigneur Athanase, avec les prêtres, dignes serviteurs des autels, avec les fidèles des centaines de paroisses et aussi avec les jeunes qu’il a mobilisés pour être de véritables missionnaires de nos temps. Monseigneur Athanase décrit si bien ce qui s’est accompli durant toutes les années de l’épiscopat de Monseigneur Silouane en Italie, que ce soit en tant qu’Évêque vicaire ou Évêque titulaire, et je ne reviendrai pas là-dessus. Je le félicite et je le remercie pour le don continuel de soi, et que le Christ Seigneur le lui rende en don de salut. 

Sur ces 20 ans, j’en ai aussi partagé 13 avec Son Excellence Monseigneur Timothée, qui a reçu en 2008 le don de l’épiscopat pour le siège de l’Évêché d’Espagne et du Portugal, nouvellement fondé, se joignant ainsi au Synode métropolitain. Des dizaines de paroisses créées, l’achat ou la construction d’églises et surtout la construction de la Cathédrale épiscopale de Madrid et du centre éparchial représentent le fruit des nombreux efforts et du travail infatigable, dans la plus grande discrétion, de Monseigneur Timothée, doublés par ceux de Son Excellence Monseigneur Théophile, l’Évêque vicaire, des collaborateurs et des prêtres et de tous ceux qui ont œuvré sans cesse pour que ce jeune évêché soit une lumière et un guide vers le salut par ceux qui servent en son sein. Je remercie Monseigneur Timothée pour le dévouement infléchi, le zèle et la persévérance dans la construction et l’enracinement de l’éparchie de l’Espagne et du Portugal dans la Presqu’Île Ibérique où vivent de si nombreux orthodoxes roumains et d’autres ethnies.

Son Excellence Monseigneur Marc a partagé avec nous plus de 16 ans en tant qu’Évêque vicaire. Missionnaire infatigable, parcourant les chemins de la France et de l’Europe Occidentale, serviteur infatigable de la parole de l’Évangile et de la Liturgie, avec sa sagesse et son zèle dans l’œuvre du Christ et de l’Église, de l’orthodoxie de la foi, de la communion inter-orthodoxe (qui cherche sa place dans la société de plus en plus sécularisée de notre vieille Europe), Son Excellence Monseigneur Marc a été et reste un pilier de la foi et de la mission de l’Église du Christ de nos jours. C’est un grand honneur pour nous tous, les évêques du Synode métropolitain, de travailler avec Son Excellence dans la mission que Dieu nous confie pour Son Église vivante. 

Son Excellence Monseigneur Ignace, Évêque actuel de Huși, a été à côté de nous, en missionnaire, pendant sept ans, de 2011 à 2017. La Grande Bretagne, l’Irlande et l’Islande ont été les pays où il a déroulé la plupart de son activité, laissant l’empreinte indélébile d’une mission ecclésiale proche des gens et orientée constamment vers l’appel de chacun à assumer sa condition de chrétien.

Monseigneur Athanase, Évêque vicaire de l’Évêché d’Italie, tout comme Monseigneur Théophile, hiérarque vicaire de l’Évêché d’Espagne et du Portugal (tous les deux élus et ordonnés en 2018, devenant ainsi membres du Saint Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine et membres du Synode Métropolitain de la Métropole d’Europe Occidentale et Méridionale) développent une impressionnante activité missionnaire et pastorale dans les deux éparchies, et au-delà, avec la bénédiction des évêques des éparchies. En ce moment de bilan de ces vingt années, je les remercie et leur sais gré pour tout ce qu’ils font dans le service de l’Église du Christ dans les deux éparchies et dans la Métropole.

Le passage des années laisse son empreinte sur nous personnellement, mais aussi sur la communauté. D’habitude, au moment des anniversaires nous faisons un bilan de tout ce que nous avons réussi ou non à accomplir. Il y a vingt ans, l’Archevêché devenait Métropole, ce qui signifiait que son organisation dans le système métropolitain devait se faire le plus rapidement possible. Une Métropole étant formée d’éparchies, deux autres éparchies ont été fondées (celle de l’Italie, avec le siège à Rome, et celle de l’Espagne et du Portugal, avec le siège à Madrid) qui, avec l’Archevêché d’Europe Occidentale (dont le siège se trouve à Paris) forment la Métropole d’Europe Occidentale et Méridionale. Chaque éparchie a ensuite développé ses propres structures. Un travail impressionnant dans toutes les éparchies, soutenu par les prêtres recteurs et les higoumènes des monastères : beaucoup de lieux de culte construits, achetés ou repris pour un usage à long terme, la catéchèse des enfants, des adultes, des familles, tout comme la préparation pour recevoir les Saints Sacrements, le soutien des hospitalisés et des prisonniers, la représentation dans le dialogue avec les autres cultes chrétiens et autres religions, l’ouverture culturelle des communautés et la représentation dans le dialogue culturel dans les différents pays et régions de l’Europe. Tout ceci n’est qu’une partie des nombreuses préoccupations et obligations pastorales que chaque paroisse et communauté assume, par la sollicitude de chaque évêque d’éparchie, avec l’aide de l’Évêque vicaire. 

Cependant, notre grande préoccupation aujourd’hui est la transmission de la foi et sa pratique par les jeunes générations, sachant bien que beaucoup d’enfants sont nés dans nos communautés en dehors des frontières, en Europe Occidentale plus particulièrement. La crise de la famille chrétienne est une réalité à laquelle nous nous confrontons et à laquelle nous cherchons des réponses, en essayant d’être proches des familles. Mais malgré tout on peut constater que cette préoccupation reste superficielle, que nous ne faisons pas toujours très attention à la manière dont nous abordons et nous concrétisons la pastorale de la famille aujourd’hui, que nous oublions bon nombre de ceux que nous avons baptisés et intégrés dans l’Église du Christ. La famille toute seule ne peut pas s’occuper de la formation et l’éducation des enfants dans un esprit évangélique, elle a besoin de l’Église, de la paroisse. De même, la paroisse et le prêtre ne peuvent assurer tous seuls la transmission de la foi et la formation des enfants, ils ont besoin de leurs familles. Rendre conscients les parents de leur responsabilité dans l’éducation des âmes et l’éducation spirituelle des enfants reste la préoccupation la plus importante des prêtres et de nos communautés aujourd’hui, 2000 ans après la venue au monde du Sauveur. C’est pourquoi nous disons aujourd’hui aux familles chrétiennes : aidez-nous à vous aider, aidez le Christ à vous aider ! « Laissez les enfants venir à Lui… ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent… » (Marc 10, 14) !  

†  Le Métropolite Joseph