Ajouté le: 10 Décembre 2019 L'heure: 15:14

La paternité spirituelle

Le service du confesseur est redoutable et, en même temps, passionnant. Il est douloureux, mais inspirant. Le confesseur est coopérateur de Dieu. Il est appelé à la plus haute forme de la création, à un honneur incomparable : créer des dieux pour l’éternité dans la lumière incréée. En tout, évidemment, il suit l’exemple du Christ dont voici l’enseignement : En vérité, en vérité, Je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de Lui-même, Il ne fait que ce qu’Il voit faire au Père : ce que fait Celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et Lui montre tout ce qu’Il fait ; Il Lui montrera des œuvres plus grandes encore que celles-ci, dont vous serez stupéfaits. Comme le Père en effet ressuscite les morts et rend à la vie, ainsi le Fils donne vie à qui Il veut .

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La mise en œuvre de ce saint principe de la tradition orthodoxe rencontre dans la pratique d’inextricables difficultés. Les hommes, surtout lorsqu’ils sont instruits, s’en tiennent fermement à un autre principe : leur raison. Chaque parole du prêtre est pour eux simplement celle d’un autre être humain ; elle est, par conséquent, soumise à leur jugement critique. Suivre sans raisonner l’indication d’un confesseur serait à leurs yeux de la folie. Ce que le spirituel voit et comprend, le psychique ne l’accepte d’aucune manière et le rejette, car il vit sur un autre plan. Moi-même, lorsque je rencontre des personnes qui se dirigent par leurs propres impulsions et rejettent le conseil que le prêtre a reçu par la prière, je refuse de demander à Dieu de leur révéler sa sainte et toute-parfaite volonté. De cette manière, j’évite de les placer dans une situation de conflit avec Dieu, me contentant de leur exprimer mon opinion personnelle, quoique corroborée par des références aux œuvres des saints Pères ou à la Sainte Écriture. Je leur épargne ainsi d’entrer en lutte avec Dieu et leur accorde en quelque sorte le droit de refuser – sans commettre de péché – mon conseil, comme n’étant que celui d’un autre homme. Mais, assurément, cela se trouve bien loin de ce que nous cherchons dans les sacrements de l’Église.

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Sans une prière fervente venant du cœur pour demander à Dieu une parole et sa bénédiction en tout temps, le service du confesseur est vain ; sans une constante inspiration venue d’en-haut, même l’Église se transformerait en l’une des forces semi-aveugles de ce monde qui, par leurs conflits, apportent la destruction à la vie de la terre. En quoi consiste la tâche du confesseur ? À s’occuper attentivement de chaque personne afin de l’aider à entrer dans la sphère de la paix du Christ ; à contribuer à la renaissance et à la transfiguration des hommes par la grâce du Saint-Esprit ; à insuffler du courage aux pusillanimes pour mener le combat d’une vie selon les commandements du Seigneur ; en un mot, à la formation spirituelle de chacun. « Formation » vient du mot « forme ». Un évêque serbe a écrit des choses remarquables à ce sujet : « Quelle forme ou celle de qui donne-t-on dans nos écoles contemporaines ? Laquelle de ces écoles sait que l’homme a été créé à l’image du Dieu sans commencement ? Il est apparu sur terre et s’est révélé à l’homme ; et nous savons maintenant que la vraie éducation consiste à rétablir l’image du Christ – perdue dans la chute – dans les descendants d’Adam ».

Dans son ministère, le confesseur est obligé de toujours prier pour les hommes, proches et lointains. Par cette prière, il se plonge dans une vie nouvelle pour lui. En priant pour ceux qui sont dans le désespoir à cause d’insurmontables difficultés dans la lutte pour l’existence, il éprouve de l’inquiétude, de l’anxiété pour eux. En priant pour les malades, il ressent la crainte de leur âme devant la mort. En priant pour ceux qui sont en enfer (dans l’enfer des passions), il expérimente lui-même un état infernal. Il vit tout cela en lui-même, comme son propre tourment. Mais, en réalité, ce n’est pas le sien : il ne fait que recevoir et porter les fardeaux d’autres personnes. Au premier abord, il ne comprend pas ce qui lui arrive ; il est dans la perplexité ; il ne sait pas pour­quoi il est de nouveau attaqué – et même davantage qu’auparavant – par les passions, dont plusieurs lui étaient jusqu’ici inconnues. Ce n’est que plus tard qu’il réalise qu’il a été entraîné dans la lutte pour la vie d’autres personnes, que sa prière a rejoint la réalité spirituelle de ceux pour qui elle est offerte à Dieu. Il est étreint par le souffle de la mort qui a frappé le genre humain. Sa prière personnelle et liturgique prend des dimensions cosmiques.

Archimandrite Sophrony, 
La prière, expérience de l’éternité,
Éd. du Cerf, Le Sel de la terre, 1998, 2004.

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