En ce mois de juin 2018 nous célébrons dans notre Métropole les 10 ans – le 8 mai pour Monseigneur Silouane et le 25 mai pour Monseigneur Timothée – depuis que les deux évêchés alors nouvellement fondés reçurent leur pasteur. L’Évêché d’Italie reçut son premier pasteur, qui fut alors intronisé, après que Monseigneur Silouane eut assumé durant de nombreuses années la charge pastorale des paroisses d’Italie, qui à partir de 2007 furent constituées en évêché. L’Évêché d’Espagne et du Portugal, fondé en 2007, reçut de même son premier pasteur, ordonné et intronisé alors à Madrid. Les dix ans d’épiscopat de nos évêques membres du Synode métropolitain de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale, s’avérèrent être des années de don de soi, de sacrifice, de renoncement substantiel, mais également de beaucoup de joie et d’épanouissement dans le service inconditionnel du troupeau du Christ présent dans les trois pays d’Europe Méridionale.

D’une part, le pastorat de Monseigneur Silouane auprès les fidèles, paroisses et monastères d’Italie est marqué au cours de ces années par la préoccupation constante de transmettre au peuple de Dieu la plus pure expérience de la vie chrétienne orthodoxe, avec la soif irréfrénable du salut pour ce peuple chrétien. C’est une période bénie pour les centaines de milliers de roumains qui vivent en Italie, organisés aujourd’hui en 300 paroisses et filiales. Une attention et une sollicitude toute paternelle et en même temps fraternelle à l’égard de tous les serviteurs de l’autel : les prêtres et diacres œuvrant dans les sanctuaires de Dieu en toutes circonstances où l’on requiert leurs services. C’est en premier lieu à l’attention pour la parole – dispensée avec une ardeur effrénée en toute circonstance – et aux exhortations adressées sans compter le temps aux prêtres et au peuple, que notre frère dans l’épiscopat l’Évêque Silouane nous a accoutumés au cours de ces années. Il prit modèle en tous points, suivant l’exemple de son propre père, le Père Georges de bienheureuse mémoire, sur le Bon Pasteur qui donne « sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Il a donné beaucoup de courage à son entourage et aux pasteurs des âmes de l’évêché – les prêtres – pour atteindre et faire s’approcher ceux qui leur sont confiés par Celui qui nous nourrit non du pain périssable, mais de Son propre Corps et de Son Sang donateur de vie. Le Christ Seigneur nous veut des pasteurs foisonnants de Son amour pour les brebis de nos pacages, comme Il l’est Lui-même pour nous. Avec plus de deux cents prêtres et diacres ordonnés en l’espace de dix ans, ainsi que Monseigneur Athanase, l’évêque vicaire co-serviteur dans l’épiscopat, – ordonné à Rome le 1er mai –, Monseigneur Silouane peut à présent poursuivre l’abondante et nécessaire œuvre pastorale auprès des nombreux fidèles orthodoxes répartis dans les plus de trois cents paroisses et filiales (missions) de l’Évêché d’Italie.

D’autre part, la chirotonie et l’intronisation de Monseigneur Timothée, il y a dix ans, comme évêque d’Espagne et du Portugal fut une bénédiction manifeste pour cette communauté de Roumains orthodoxes. Leur nombre n’a cessé de croître en raison de leur arrivée, année après année, toujours plus massive dans les deux pays de la Péninsule Ibérique. Le nombre de Roumains ayant presque atteint un million de personnes, le besoin se fit sentir d’une pastorale aussi intense que possible et adaptée aux immigrants, par l’ouverture de nouvelles paroisses, ce que Monseigneur Timothée accomplit avec un zèle exemplaire. Ces années furent également marquées par des périodes de crise profonde par lesquelles durent passer l’Espagne et le Portugal, tout comme l’ensemble du continent européen, crise dont les Roumains ne furent bien sûr pas épargnés. Dès l’année 2008, Monseigneur Timothée, accueillant la grâce épiscopale comme une croix, commença à s’adonner à la sainte œuvre qu’il reçut comme des mains de l’Éternel Grand Prêtre. Il débuta avec une certaine timidité due en partie à la jeunesse, puis se laissa guider sans trêve par la parole du saint Apôtre Paul à son disciple Timothée : « Que personne ne méprise ta jeunesse ; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté » (1 Tim 4, 12). Dès le début, conscient de l’œuvre que le Seigneur accomplit dans Son Église à travers l’épiscopat, que le temps est toujours et à chaque instant « pour que le Seigneur agisse » à travers lui, l’évêque Timothée a parcouru des milliers de kilomètres dans la Péninsule Ibérique afin d’ouvrir plus de cent paroisses et missions et représenter l’Église en toutes circonstances où cela s’imposait. Outre les 150 paroisses et filiales aujourd’hui existantes et les deux ou trois monastères qui débutent leur vie de prière, Monseigneur Timothée prit soin de la construction de la cathédrale épiscopale de Madrid qui s’est élevée de terre au cours des quatre ou cinq dernières années, comme un témoignage de la présence des Roumains orthodoxes sur la vieille terre ibérique chargée d’histoire. Le dimanche du saint Apôtre Thomas, Monseigneur Timothée reçut un évêque vicaire en la personne de Monseigneur Théophile qui, de concert avec les prêtres, les diacres et les moines apportera sa nécessaire et primordiale contribution à l’œuvre pastorale propre aux lieux et terres habités par les chrétiens orthodoxes roumains.

Le Christ Seigneur œuvre à travers les hommes que Lui-même a élus, comme Il le dit à Ses Apôtres : Ce n’est pas vous qui M’avez choisi ; mais Moi, Je vous ai choisis, et Je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon Nom, Il vous le donne. (Jn 15, 16). Le fruit que chacun porte, l’œuvre que chacun d’entre nous mène, le Seigneur les verra immanquablement à la fin des temps. Quant à nous, nous pouvons dès ici et maintenant apercevoir et comprendre une partie de cette œuvre qu’accomplit celui qui sert le Christ.

Le Bon Pasteur, visage ou icône de chaque pasteur d’âmes dans Son Église, ne garde rien égoïstement pour Lui de tout ce que le Père céleste Lui a confié, afin de racheter chaque âme qui cherche librement et s’abreuve de Son amour sacrificiel. Selon l’image du Pasteur, l’évêque se laisse absorber par Son amour, qui le transfigure, consumant en même temps peu à peu les flétrissures de l’égoïsme et de l’autolâtrie. Le Fils et Verbe de Dieu, devenu pour nous le Bon Pasteur, rend la sainte et divine Trinité participante à Son œuvre dans le monde, en recevant toutes choses du Père afin de nous les faire connaître par l’Esprit Saint.

C’est au mystère de cette œuvre du Pasteur venu au Nom du Père céleste, nous rendant participants à Son Être et à Sa Parole par l’Esprit Saint, que l’évêque prend part dans l’Église et dans le monde. C’est au mystère de cette œuvre que le Seigneur fit prendre part nos frères dans le service archipastoral, Monseigneur Silouane et Monseigneur Timothée, que nous assurons de toute notre reconnaissance et à qui nous souhaitons de nombreuses années dans le difficile service de Celui qui ne nous demande pas peu de choses, mais que nous Lui offrions « nous-mêmes, les uns les autres et toute notre vie ». Quant au Seigneur, nous Le prions d’élargir notre disposition au sacrifice, au don de soi et surtout notre disposition à L’aimer, pour le peuple et Son Église.

Que le Seigneur vous accorde de nombreuses années comblées de bénédictions, Messeigneurs bien-aimés Silouane et Timothée !

† Le Métropolite Joseph