La dignité de baptisé est royale (responsabilité), prophétique (discernement de la volonté de Dieu) et sacerdotale (intercession et louange pour soi et pour le monde à travers l’oblation de la Parole) – triple dignité du Christ. Elle constitue sa mission par l’Église dans le monde.

Le baptême est l’accès à la vie sacerdotale du Christ ; c’est une consécration ; la responsabilité du chrétien est dans le témoignage de la Foi, la célébration du Nom et la manifestation au monde de la miséricorde divine. L’activité sacerdotale est donc inhérente à la vie chrétienne.

Le saint Évangile nous montre la communauté primitive de l’Église structurée par deux dimensions, le ministère des Douze, et le ministère des Soixante-dix – apôtres et disciples. Il existe ainsi une réelle distinction entre sacerdoce et épiscopat ou prêtrise. Tous sont pontifes, tous ne sont pas prêtres. On voit également que les chrétiens, les « appelés », se réunissaient ensemble, croyants et pasteurs, formant ainsi l’Assemblée dans sa plénitude. C’est ce que l’on contemple aujourd’hui dans une célébration pontificale. Cette plénitude est normative.

La dignité de baptisé implique une triple compétence (responsabilité à l’égard de tout, accès à la connaissance parfaite de la vérité, prière au Père dans la grâce du Fils et la communion de l’Esprit). Les laïcs, membres du Laos de Dieu, sont compétents ou peuvent acquérir cette compétence. Il est de notre devoir, d’où le rôle par exemple des catéchèses, de permettre aux laïcs d’exercer la compétence qui est la leur ; un des aspects fondamentaux de la vie de l’Église est la promotion des laïcs, actualisation de la grâce baptismale. Les laïcs ne sont pas des profanes ; ils passent par l’initiation liturgique baptismale et permanente. Le ministère pastoral est l’instrument de l’établissement des laïcs, il lui incombe la formation des laïcs à la prière ecclésiale.

Parler de la prière des laïcs en l’absence de prêtre n’est pas une concession ou une économie ; ce n’est pas un pis-aller, ce n’est pas du modernisme. On revalorise ainsi la responsabilité sacerdotale, pontificale et liturgique du baptisé, homme, femme et enfant. Loin d’être une façon de séculariser les chrétiens, c’est au contraire une façon de stimuler le sacerdoce universel. Cela se fait en référence à la Tradition fondamentale des Apôtres et des Pères.

Toutefoisle laïc tient sa dignité du ministère apostolique, particulièrement de l’Évêque. Quand il prie en son absence, il prie avec lui, il se souvient de celui qui l’a baptisé, de son père spirituel, de celui qui lui donne la bénédiction et la grâce de l’Église. Le laïc sans prêtre n’existe pas, comme l’évêque ou le prêtre sans baptisés n’existent pas. L’évêque fait le laïc par le baptême ; la communauté laïque des baptisés fait l’évêque (ex. de saint Ambroise de Milan). La synergie laïc/évêque est incontournable ; la structure hiérarchique du corps du Christ est objective ; la célébration suprême de l’Église, la sainte eucharistie, ainsi que les autres saints et grands mystères, requièrent la réunion de l’assemblée en plénitude. Mais des laïcs, ou un laïc, qui prient, le font sous la présidence explicite du Christ et de ceux à qui Il demande de « paître les brebis ». Des laïcs qui prient en l’absence de leur prêtre ne sont pas « des brebis errant sans pasteur » : ils doivent savoir clairement qui est leur évêque. Et ils le nomment dans leur prière en attendant de se réunir avec lui. Leur prière demeure une prière ecclésiale.

Quelques textes pour nourrir la réflexion

1 Pi 2, 5-9 :« Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la Maison habitée par l’Esprit, pour constituer une sainte communauté sacerdotale, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ (…) Vous êtes, vous, la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, vous qui jadis n’étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde ».

Ap 1, 6 :« Il a fait de nous un royaume de prêtres pour Dieu son Père » ; 5, 10 : « Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation ; Tu en as fait, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la terre » ; 20, 6.

Nicolas Afanassief : « Être ‘dans le Christ’ signifie servir en tant que prêtre son Dieu et Père. De même que dans l’Ancien Testament ‘tout prêtre se présente chaque jour pour remplir son ministère’ (Héb.10, 11), dans la Nouveau Testament chaque fidèle se tient devant Dieu en tant que prêtre dans l’assemblée eucharistique. La vie entière du croyant est ‘culte’ (latreia) incessant de Dieu, et son ministère spécial (leitourgia) s’exerce dans l’assemblée eucharistique, par laquelle tout commence, dans laquelle tout s’achève et d’où dépend tout ministère dans l’Église (…) Chaque fidèle concélèbre avec tous les autres dans l’assemblée eucharistique. Cela signifie que le sacerdoce royal des fidèles consiste en leur ministère commun, où chacun officie non pas à titre individuel, mais nécessairement ensemble avec tous les autres ; aussi, le ministère des laïcs cesse-t-il dès qu’il n’est plus commun. Chaque fidèle se tient devant Dieu en tant que liturge, mais seulement pendant que toute l’Église est réunie epi to auto, c’est-à-dire quand le peuple de Dieu, réuni par Dieu, sert Dieu. Le ministère commun des fidèles est celui du peuple de Dieu agissant comme un tout. Autrement dit, le ministère commun des laïcs est le ministère de l’Église elle-même. Il en résulte qu’être dans l’Église, c’est être membre du peuple de Dieu et posséder le charisme du sacerdoce royal, non pour un ministère individuel, mais afin de participer au ministère de l’Église. Par conséquent, là où il n’y a pas d’assemblée eucharistique, il ne peut y avoir de sacerdoce royal des fidèles, puisqu’il n’y a point de ministère de l’Église. « Car nous avons tous été baptisés d’un même Esprit pour former un même corps… » (1 Co.12, 13). En entrant dans le sein de l’Église, chacun reçoit l’Esprit afin de servir Dieu ‘dans le Christ’ lorsque l’Église sert Dieu. Il ne s’ensuit pas que le ministère commun des fidèles exclue le ministère individuel, puisque le charisme commun du peuple de Dieu n’exclut pas les charismes particuliers des différents membres de l’Église. Ces charismes correspondent à un ministère dans et pour l’Église, alors que le charisme commun est pour le ministère de l’Église elle-même. Mais tous les charismes sont inhérents à l’Église » (L’Église du Saint Esprit, p. 66-68).

Liviu Stan : « Le sacerdoce des laïcs est fondé sur le baptême, mystère par lequel ils deviennent membres du corps mystique du Christ : en tant que tels, il leur est donné en communion une grâce, une sanctification, qui rendent l’être humain capable d’avoir part au Salut et à tous les dons du Saint Esprit, dons par lesquels vit et se fortifie l’Église. Le baptême donne au chrétien de nouveaux pouvoirs ; et l’onction fortifie ceux-ci en rendant le chrétien capable d’un haut développement des dons reçus au baptême ; ainsi a lieu la communion au Saint Esprit qui aide le chrétien à rendre parfaite la vie spirituelle dans laquelle il est entré par le baptême. Le sacerdoce des laïcs fondé sur ces deux mystères (…) les rend aptes aux actes de la vie spirituelle, et à toute collaboration avec le ministère particulier de la prêtrise, car les laïcs étant eux-mêmes prêtres, ont comme tels eux aussi une mission sacerdotale dans l’Église » (Les laïcs dans l’Église, p. 27-28).

(source : www.sagesse-orthodoxe.fr)