Saint Pirmin patron de l’île de Reichenau

publicat in Synaxaire pe 12 Octobre 2012, 05:07

Parmi les personnalités religieuses qui ont contribué substantiellement à répandre le christianisme sur le territoire alaman on compte notamment saint Pirmin. Ordonné évêque aux environs de l’an 720, Pirmin fonda de nombreux monastères, comme ceux de Reichenau, de Murbach ou de Gengenbach. De saint Pirmin il nous reste également un ouvrage, une sorte de catéchisme, intitulé brièvement « Scarapus ». Saint Pirmin est commémoré chaque année à la date du 3 novembre par les Eglises orthodoxe, catholique‑romaine, évangélique et anglicane..  

Pirmin est né vers l’an 690 à Narbonne, sur le territoire de la France actuelle. L’origine du saint est controversée. Tandis que certains soutiennent qu’il était wisigoth ou irlandais, d’autres disent qu’il était d’origine romaine. Sa biographie, écrite à Hornbach en 830 et riche en légende, ainsi qu’une autre biographie versifiée, ne nous relate rien de son origine. Né probablement dans une région occupée par les wisigohts en France méridionale ou en Espagne du nord, il semble qu’il s’est tourné vers le royaume franc en raison des attaques des Sarrasins. Une fois arrivé, il reçut la chirotonie épiscopale vers 720 pour la localité de Castellum Meltis (Meaux), près de Paris, où il prêchait en latin et en langue franque. Comme il entretenait de très bonnes relations avec le maire franc Charles Martel, Pirmin fut envoyé comme missionaire dans le nord‑ouest de la France et dans le Haut‑Rhin. Charles Martel, père de Pépin le Bref, lui proposa de réorganiser l’empire france par des réformes dont certaines méritent d’être mentionnées: réorganisation des évêchés existants et fondation de nouveaux autres, éducation des clercs dans des monastères choisis, éradication des dernières pratiques païennes et réalisation d’un lien très étroit entre l’organisation ecclésiastique et l’Etat franc.

En 732, saint Boniface reçut la mission de s’occuper de l’évangélisation des territoires de la Thuringe, d’Hessen, de l’est de l’empire franc et de la Bavière. Le territoire alaman n’est pas mentionné dans la sphère d’influence de saint Boniface, parce que la mission dans ce territoire était réservée à un autre missionnaire : saint Pirmin. Quoiqu’ils aient répandu l’Evangile sur le territoire de l’Allemagne actuelle à peu près à la même époque, les deux saints ne se rencontrèrent jamais. Ce fait a donné naissance à des spéculations, comme l’existence éventuelle entre eux d’une sorte d’antipathie.

Certains chercheurs affirment même que Pirmin reçut la chirotonie épiscopale à Rome, et reçut l’accord et la bénédiction du Pape avant d’être envoyé dans le territoire en question. Invité par le noble alaman Sintlatz, Pimin arriva sur l’île de Reichenau vers 724, il y érigea une église et y fonda le monastère de Mittelzell. L’église fut consacrée à la Mère de Dieu et aux apôtres Pierre et Paul. L’île était jusqu’alors inhabitée. Une légende raconte que tous les serpents, les grenouilles et autres animaux sauvages quittèrent l’île à l’arrivée du saint. Le monastère édifié sur l’île de Reichenau par Pirmin devait devenir, à côté de celui de Saint‑Gall, l’un des plus importants de l’empire carolingien. Conformément à une tradition, il semble que Pirmin resta sur cette île jusqu’en 726, quand, éloigné par le duc Theobald, il partit pour le territoire de l’Alsace. Il semble qu’il fonda là le monastère de Murbach en 727 et celui de Neuwiller, aujourd’hui Neuwiller‑les‑Saverne. De même, il semble qu’il construisit encore les monastères de Gengenbach (en Schwarzwald) et de Schwarzach de Baden, ainsi que celui d’Amorbach en 740. Dans tous ces monastères, Pimin introduisit la règle de saint Benoît. Pirmin mourut au château de Hornbach le 3 novembre 753.

De singulis libris canonicis scarapsus

Il nous est resté de Pirmin également un ouvrage intitulé De singulis libris canonicis scarapsus, connu également sous le titre raccourci de Scarapsus. C’est une sorte de catéchisme, de « manuel » nécessaire aux activités missionnaires. Ecrit vers 720, l’ouvrage intitulé plus tard Dieta Pirminii commence par une brève introduction rappelant la chute de l’homme et le péché ancestral, et continue avec des références au sacrifice rédempteur de notre Sauveur Jésus Christ. Il présente ensuite le Credo apostolique (pour la première fois dans l’espace germain), Pirmin attribuant à chaque apôtre la composition d’un article. La première partie de l’ouvrage se termine avec la mission confiée aux apôtres par le Christ Sauveur de répandre l’Evangile dans toute la création (Mt. 28, 19). Suit un enseignement au sujet du sacrement du saint baptême, qui est présenté comme un « pacte », comme une loi contractée entre Dieu et l’homme.

La deuxième partie de l’ouvrage offre des informations sur la vie chrétienne, et le rejet des pratiques païennes qui étaient encore en vigueur. Pimin recommande ensuite la sanctification du jour de dimanche, par la participation aux offices de l’Eglise et, notamment, de la sainte liturgie et du sacrement de la confession. Cet ouvrage de saint Pirmin se fonde sur la sainte Ecriture et sur les écrits des saints Pères, avec notamment des citations du bienheureux Augustin, de Césaire d’Arles et de saint Martin de Braga. L’ouvrage Scarapsus présente son auteur comme un missionnaire et un propagateur de la foi chrétienne, et représente une source importante pour l’histoire de l’activité pastorale au début du 8ème siècle.

A Hornach, où il fut enseveli, sa vénération comme saint commença aussitôt après sa mort. A la fin du 8ème siècle il apparaît enregistré comme saint (sanctus) dans un manuscrit du Martyrologe Geronimien de Metz. Dans un bréviaire du début du 9ème siècle du monastère de Reichenau, on mentionne une fête dédiée à lui, avec la certitude du jour de son entrée dans l’éternité. L’ouvrage Liber de miraculis sancti Pirminii parle également des miracles et des guérisons accomplies sur le tombeau de saint Pirmin.

La patron de plusieurs provinces et plusieurs villes

A l’époque de la Réforme protestante, les reliques du saint furent portées d’abord à Speyer, puis en 1576 arrivèrent à Innsbrück, où elles se trouvent encore aujourd’hui dans l’église des Jésuites. A partir de 1611, saint Pimin est considéré l’un des patrons de la ville autrichienne d’Innsbrück. Saint Pirmin est également vénéré aujourd’hui comme patron dans la province française d’Alsace, dans la province allemande de Pfalz et, bien entendu, sur l’île de Reichenau. Plusieurs villes soutiennent aujourd’hui qu’elles détiennent des reliques de saint Pirmin. De même, saint Pirmin a donné également son nom à la ville de Pirmasens, dans le land allemand de Rheinland‑Pfalz.

Père Alexandru Nan