Ajouté le: 9 Décembre 2011 L'heure: 15:14

Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien (1 Cor. 13, 2) (II)

« Le Seigneur ne cesse d’attendre que nous nous unissions pour ainsi dire en totalité dans l’amour avec Lui ; or nous ne cessons de nous éloigner de Lui. Pourtant nous voyons que sans amour il n’y a pas de vie, ce qui signifie qu’il n’y a pas de vie sans Dieu. Car Dieu est amour. Mais il ne s’agit pas d’un amour selon la logique de ce monde, d’un amour tel que ce monde peut comprendre. L’amour dans ce monde est souffrance et asservissement car des esprits malins interfèrent dans cet amour. On y trouve de l’amour, mais il s’agit surtout d’asservissement. Les esprits malins cherchent à nous asservir et à nous attacher à des objets et des personnes de façon que notre cœur et tout notre être ne soient pas liés à la Source de la vie, à Dieu, à l’amour véritable. Ils savent en effet que si notre cœur s’unit à Dieu, alors ils ne seront plus en mesure d’approcher de nous. »

Starets Thaddée, « Paix et joie dans le Saint Esprit » , Ed. L’Âge d’Homme 2010

Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien (1 Cor. 13, 2) (II)

Que disons‑nous quand nous disons – un peu trop facilement, comme un lieu commun – que Dieu est amour ? Nous ne disons rien et nous ne comprenons rien à ce que nous disons, si cette vérité ne s’enracine pas au plus profond de notre être et de notre cœur. En effet,  si Dieu est amour, cela veut dire que le cœur est le seul moyen de Le trouver et de comprendre ce qu’Il est, car « le cœur est un être à l’intérieur de notre être. Le cœur est la profondeur la plus profonde, absolue, dans l’être humain. (…) C’est ici que Dieu a trouvé demeure, a fait Lui‑même Sa demeure » (Père Arsenie Papacioc). Si Dieu n’existe pas dans notre cœur, on ne pourra Le trouver nulle part ailleurs, ni dans les livres, ni à l’église, ni dans nos prières, ni dans nos idées et théories métaphysiques et théologiques…

Mais  le  plus souvent,  ce qui existe dans nos cœur, et que nous appelons Dieu, n’est  qu’une idole forgée à l’image et à la ressemblance de l’homme. C’est pourquoi le Starets Thadée cité ci‑dessus, insiste sur la différence entre l’amour qui vient de Dieu et la passion qu’on appelle indûment « amour », qui vient du monde et se trouve sous l’influence des esprits malins. Or la plupart d’entre nous ne connaissons que l’amour humain, avec ses désirs, ses espoirs, ses appétits, ses jalousies, ses rapports de force, ses déceptions, ses souffrances etc. Dès lors, dire que Dieu est amour ne correspond à aucune réalité, tant que nous n’aurons éprouvé cet amour dans notre propre cœur, ce qui n’est pas possible si notre cœur est dominé par l’amour imparfait, illusoire, quelquefois destructeur et malfaisant – on peut tuer ou se suicider  par « amour » ! –  qui vient du monde et de l’homme de chair. Cet amour‑là, qui est toujours intéressé et  cherche avant tout son propre profit, peut être comparé à une prostituée : « La prostituée n’est pas engagée à l’amour d’un seul. De même, l’âme attachée à beaucoup de choses n’est pas fidèle aux enseignements de Dieu. Celui qui n’a jamais vu de ses yeux le soleil, ne peut, simplement pour en avoir entendu parler, décrire à personne ce qu’est la lumière, ni même la sentir. Ainsi en va‑t‑il de celui qui n’a pas goûté en son âme la douceur des œuvres spirituelles » (St Isaac le Syrien – « Discours ascétiques »).    

Tant que le soleil de l’amour de Dieu ne brille pas dans nos cœurs, nous sommes semblables à des aveugles nés qui ont entendu parler de la lumière mais ne l’ont jamais vue et ne peuvent même pas imaginer ce qu’elle est. Tant que nos yeux spirituels, les yeux du cœur – car « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux » (A. de Saint‑Exupéry – « Le Petit Prince ») – ne se sont pas ouvert à la lumière du Saint Esprit, nous ne pouvons savoir ce qu’est l’amour de Dieu. Mais nous pouvons en revanche savoir ce qu’il n’est pas : toute forme d’amour qui vient de notre volonté propre, de nos désirs, de nos idées, de nos ambitions, de notre orgueil ou des besoins et des instincts de l’homme de chair, en un mot, tout ce que nous appelons amour dans la vie de tous les jours,  n’est qu’un pâle reflet, imparfait, impur, souvent illusoire et trompeur, de l’amour de Dieu. Chaque fois qu’un tel amour prend entièrement possession de notre cœur, il devient une idole que nous adorons à la place de Dieu. Si nous ne savons pas reconnaître cette illusion,  nous pouvons croire très sincèrement que nous sommes au service de Dieu, alors que nous serons devenus à notre insu « de faux apôtres, des ouvriers perfides déguisés en apôtres du Christ (…), car Satan lui‑même se déguise en ange de lumière » (2 Cor. 11, 13‑14).      

Si Dieu est amour, l’homme sans Dieu est un homme sans amour, tout aussi incapable d’aimer les autres – qui ne sont qu’un  moyen de satisfaire ses besoins, ses intérêts, ses désirs – que de s’aimer lui‑même : « Sans Dieu il est impossible de s’aimer soi‑même » (Starets Thaddée, op. cit.) Car la personne que l’homme sans Dieu croit être n’est pas sa véritable nature. Ce qu’il appelle « moi » n’est pas lui‑même, mais son attachement à l’homme de chair et aux choses périssable de ce monde, donc son attachement au péché, au mal qui réside en lui et à la mort, qu’il appelle dans son aveuglement amour de la vie.

« Celui qui aura gardé sa vie, la perdra » (Mt. 10, 39). Car la vie de l’homme sur terre n’est pas la vraie vie, mais ressemble à un mirage dans le désert qui nous promet la vie mais nous conduit inévitablement à la mort. C’est pourquoi, lorsque la vie en ce monde devient notre seul but et  notre idole, « le bonheur terrestre est un malheur au point de vue spirituel » (Père Païssios l’Aghiorite).              

Une vie sans Dieu, est une vie sans amour,  et une vie sans amour, c’est l’enfer. Le XXème  siècle, le siècle le plus rationaliste, matérialiste, scientifique et athée de l’histoire de l’humanité, à été aussi le plus monstrueux, car la haine, la discorde, la division ont pris possession du cœur de l’homme et ont conduit le monde au désastre. Un monde sans Dieu est un monde sans cœur, et devient forcément criminel et suicidaire, malgré les progrès de la science, des connaissances et de l’intelligence humaine. Car la réalité de l’homme n’est ni dans ses idées, ni dans son savoir, ni nulle part ailleurs que dans son cœur – « l’homme est avant tout un cœur » (Sœur Emmanuelle) : « Par la seule intelligence, on ne peut connaître que ce qui est terrestre, et encore partiellement. (…) Il y a des gens qui, leur vie durant, peinent pour savoir ce qui se trouve sur le soleil ou sur la lune ou ailleurs, mais cela n’est d’aucune utilité pour l’âme. Si nous allons, par contre, nous efforcer de savoir ce qu’il y a à l’intérieur du cœur de l’homme, voici ce que nous verrons : dans l’âme d’un saint le Royaume des Cieux, mais dans l’âme d’un pécheur, ténèbres et tourments » (Saint Silouane – « Ecrits »).      

L’homme qui n’aime que lui‑même, est un être suicidaire sans le savoir, car  ce qu’il aime n’est rien d’autre que son propre néant et le mal qui est en lui. En effet, « la vérité ontologique de l’homme ne se trouve pas en lui‑même » (Panayotis Nellas – « Le vivant divinisé ») et lorsqu’il se détache de Dieu, l’homme n’est que poussière et retournera dans la poussière (Ge. 3, 19).

Sans l’aide de Dieu, l’homme ne peut même pas aimer sa propre personne, ni ses semblables, et encore moins ses ennemis.  Comment pourrait‑il dès lors aimer Dieu,  qu’il ne peut voir, ni entendre, ni connaître par aucun moyen humain ? C’est là pourtant « le premier et le plus grand commandement » : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée » (Mt. 22, 37‑38).

Aimer Dieu de tout son être semble encore plus difficile à mettre en pratique que toute autre forme d’amour humain. Comment aimer, en effet,  quelqu’un qu’on n’a jamais vu, qu’on ne connaît que par ouï dire, et dont certains affirment qu’il n’existe même pas ?!... En outre, si nous aimons Dieu de  toute notre âme, comment pourrions‑nous aimer nos prochains  et notre propre personne, puisque tout notre amour nous l’aurons donné à Dieu ?...        

C’est précisément  le caractère total et inconditionnel de cet amour qui nous donne la réponse à ces questions : l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour de l’homme pour Dieu, c’est  une seule et même chose. Aimer Dieu de tout son cœur, de  toute son âme, de toute sa pensée, s’est s’aimer soi‑même, car nous sommes tous les enfants de Dieu, faits à l’image et à la ressemblance de notre Père. Tout comme il n’y a qu’un seul Dieu, partout présent sous une infinité de formes et d’apparences différentes, l’amour est toujours le même, quelle que soit son objet : aimer ses semblables, aimer Dieu et s’aimer soi‑même, est une seule et même chose, car notre vraie nature est le Christ, qui a été à la fois homme et Dieu : « Supposez un cercle tracé sur la terre(…). Imaginez que ce cercle est le monde ; le centre, Dieu ; et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les  saints, désirant approcher Dieu, marchent vers le milieu du cercle, (…), ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu ; (…) autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu » (Père Placide Deseille  « La fournaise de Baylone », citant lui‑même St Dorothée de Gaza dans ses « Instructions spirituelles »). Car « Dieu est amour ; celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » (1 Jn. 4, 16).      

Viorel Ştefăneanu, Paris

Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien (1 Cor. 13, 2) (II)

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